Vous venez de prendre la photo parfaite de vos vacances avec votre iPhone et vous l’uploadez immédiatement sur Google Photos pour la partager avec vos proches. Quelques minutes plus tard, votre ami sous Android vous écrit : « Je ne vois qu’un écran noir » ou « Le fichier ne s’ouvre pas ». Cette situation frustrante vous dit quelque chose ? Le coupable se cache derrière trois lettres mystérieuses : HEIC.
HEIC : le format révolutionnaire qui divise le monde numérique
Depuis iOS 11, Apple a adopté le format HEIC (High Efficiency Image Container) pour remplacer le traditionnel JPEG. Cette technologie, basée sur le codec HEVC, compresse les images jusqu’à 50% mieux que le JPEG tout en préservant une qualité visuelle identique. Sur le papier, c’est génial : vos photos prennent deux fois moins de place sur votre iPhone.
Mais voilà le hic : ce format ultra-performant reste l’apanage de l’écosystème Apple. Résultat ? Vos magnifiques clichés en HEIC deviennent de véritables casse-têtes de compatibilité dès qu’ils quittent l’univers de la pomme croquée.
Google Photos : un terrain miné pour les fichiers HEIC
Google Photos accepte et stocke vos images HEIC sans broncher. Le service de Google les affiche même correctement dans son interface web et ses applications mobiles. Vous pourriez croire que tout va bien, mais c’est là que le piège se referme.
Les symptômes d’incompatibilité qui gâchent tout
Lorsque vous partagez un lien Google Photos contenant des images HEIC, plusieurs scénarios catastrophes peuvent survenir :
- Navigateurs récalcitrants : Firefox, Edge ou Chrome sur certaines versions affichent un écran noir à la place de votre photo
- Téléchargements problématiques : Les utilisateurs Windows téléchargent un fichier .HEIC qu’ils ne peuvent pas ouvrir avec leurs logiciels habituels
- Aperçus défaillants : L’explorateur Windows ne génère aucune miniature, transformant vos souvenirs en icônes génériques
- Partage social impossible : Certaines plateformes rejettent purement et simplement les fichiers HEIC
Le paradoxe du stockage illimité
Ironie du sort : même si vous bénéficiez du stockage « gratuit » de Google Photos (en qualité compressée), vos fichiers HEIC sont souvent comptabilisés dans votre quota Google Drive car le service ne les reconvertit pas automatiquement. Vous perdez donc sur tous les tableaux.
Windows 10/11 : une prise en charge en demi-teinte
Microsoft a intégré un support HEIC dans Windows 10, mais avec une approche pour le moins discutable. Pour ouvrir des fichiers HEIC, les utilisateurs doivent installer manuellement les extensions HEIF depuis le Microsoft Store. Une démarche que 90% des utilisateurs ignorent totalement.
Même avec ces extensions installées, l’expérience reste bancale : certains logiciels de retouche populaires comme Photoshop Elements ou GIMP ne reconnaissent toujours pas le format nativement.
Android : le grand absent du support HEIC
Malgré les années qui passent, Android maintient une position ferme : pas de support natif pour le HEIC. Google privilégie ses propres standards et pousse plutôt vers des formats comme WebP ou AVIF pour l’avenir.
Les constructeurs comme Samsung ont bien tenté d’intégrer quelques codecs HEIC dans leurs surcouches, mais le résultat demeure aléatoire selon les modèles et versions d’Android.
La solution préventive : désactiver HEIC à la source
Plutôt que de subir ces désagréments, anticipez le problème en configurant votre iPhone pour capturer directement en JPEG. Rendez-vous dans Réglages > Appareil photo > Formats et sélectionnez « Le plus compatible » au lieu de « Haute efficacité ».
Conversion après coup : les outils qui sauvent
Si vous avez déjà une bibliothèque HEIC sur Google Photos, plusieurs solutions s’offrent à vous :
- Conversion par lots locale : Des logiciels comme iMazing HEIC Converter (gratuit) traitent des centaines de fichiers simultanément
- Services en ligne : CloudConvert ou Convertio gèrent la conversion HEIC vers JPEG directement depuis Google Drive
- Applications mobiles : HEIC to JPEG Converter sur Android permet de traiter les fichiers téléchargés
L’avenir du HEIC : une adoption qui stagne
Cinq ans après son lancement, le HEIC reste prisonnier de l’écosystème Apple. Cette situation s’explique par les licences coûteuses du codec HEVC qui découragent les acteurs du logiciel libre et les constructeurs Android soucieux de leurs marges.
Pendant ce temps, les géants du web développent leurs propres standards : Google pousse AVIF, Microsoft mise sur JPEG XL. Cette fragmentation ne risque pas de s’améliorer à court terme.
Face à cette réalité technique, une règle d’or émerge : si vous comptez partager vos photos au-delà de l’univers Apple, le bon vieux JPEG reste votre meilleur allié. Certes moins efficient en termes de compression, il garantit une compatibilité universelle qui vous évitera bien des tracas avec vos correspondants sur Google Photos.
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